On pourrait commencer n’importe où n’importe quand, alors on commence au moment où Vezzo-Croce attend sur la place Heriassa, assis sur un banc dans un recoin derrière les Stèles, à regarder passer la circulation dense d’un arapy matin, vers le début d’otxo.
Vezzo-Croce surveille, de l’autre côté de l’esplanade, les allées et venues autour du bâtiment Tepomone qui abrite les Décisions de justice, et il fume clope sur clope avec la nonchalance du type sur qui la drogue n’a ni prise ni dommage.
Et rien que ce moment – Vezzo-Croce penché en avant, coudes sur les genoux, les mains dans le vide pendant que la cigarette s’écoule dans l’air, les yeux relevés vers un point fixe à l’horizon de la place Heriassa, Vezzo-Croce comme un vieux tigre qui surveille l’orée d’une forêt dans laquelle tout à l’heure il ira chasser – les mains noueuses de Vezzo-Croce, ses sourcils broussailleux et ses cheveux toujours peignés aux doigts, Vezzo-Croce immobile sur son banc parmi la foule et le bruit des bagnoles, tandis que la fumée de la clope s’élève en dansant – Vezzo-Croce le perpétuel fugitif de ses propres désirs – rien que ce moment est un éternel début.